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un fantasme

SODOMIE

LA

d’arrière-cour ?

Par Nathalie Giraud Desforges, sexothérapeute,
fondatrice de Piment Rose
et la journaliste Anna Veyrenc
(So do me a faveur ! 2009)

Une pomme qui ressemble à des fesses pour imager la sodomie
un pantin de bois à quatre pattes pour illustrer une sodomie

Les plaisirs de fesses sont toujours tabous. Parce qu’ils touchent à l’analité, ils sont associés aux excréments et à la saleté. Parce qu’ils détournent l’anus de sa fonction naturelle de déjection pour en faire un usage sexuel par la pénétration, ils sont vus comme contre-nature et douloureux souvent liés à des pratiques avilissantes ou violentes.

Or les études sur la sexualité des Français* montrent que la sodomie tend à se développer. Quels regards portons-nous sur cette pratique aujourd’hui entre fantasme, mode pornographique, ou réel partage ? Invitation au voyage en compagnie de Nathalie Giraud Desforges co-auteur avec Hilda Hutcherson de « Plaisir, manuel pratique du sexe à l’usage des femmes … toutes les femmes. » Ed Leduc.

La sodomie est- elle un fantasme masculin ?

Si la sodomie tend à se « démocratiser » (37% des Françaises et 45% des Français confirment l’avoir pratiquée, contre respectivement 24% et 30% en 1992), il apparaît que bien peu de femmes semblent en avoir tiré du plaisir.

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 Une projection masculine ?

 « Je m’interroge, dit Héléna, car ce sont toujours les hommes qui sont demandeurs et moi, pas toujours prête à ça : c’est plus simple pour eux, non ? »

Souvent liée à un désir masculin de pénétration plus intime, la sodomie suppose un contact plus fort avec la capacité de don ou d’abandon de l’autre. « Quand ma femme m’ouvre son cul, dit Pascal, j’en jouis presque d’avance car là, je sens qu’elle se donne vraiment ! » 

Au-delà du porno : la réalité !

Ce n’est pas très étonnant car, chez les jeunes notamment, « l’impact de la pornographie fausse le jeu ». En effet « ce référentiel n’insiste que sur le visuel représentant des actes à froid, banalisés, souvent compulsifs, sans préparation », pratiqués dans la domination. « On ne voit pas les préparatifs peu glamour des actrices pour se dilater » !

Or la vie n’est pas un film porno.

« Ce qui me frappe, dit Alice, c’est qu’on envisage la sodomie du point de vue de l’acte et pas du point de vue de la relation qui l’accueille. Or sodomiser l’autre ou se laisser sodomiser n’a de sens que dans ce lien unique qu’on a avec son partenaire ; c’est une façon d’être en relation très intime, très belle …quand la relation l’est !»

un homme de dos qui semble avoir mal au cul
un petit cochon qui à l'air naïf

 Approche de la zone interdite 

« L’anus, c’est trop perso pour se donner à n’importe qui, dit Solène » et « s’il m’arrive de permettre l’accès à cette zone interdite ajoute Assia, je ne le fais pas parce que l’autre le veut, ou parce que j’ai besoin qu’il m’aime ou parce que c’est la mode ! La sodomie, c’est seulement si j’ai envie ! »

Les règles de base de la sodomie

1) Ne jamais se forcer

C’est l’une des règles de base ajoute Nathalie Giraud Desforges : « ne jamais se forcer, car ce qui fait mal une fois, le corps ne l’oublie pas et la seule pensée qu’il puisse avoir mal ultérieurement suffit à le tendre. »

2) Un minimum d’hygiène

En outre, pour se sentir bien avec cette pratique, l’hygiène (mettre et la sécurité sont essentielles. « Je suis accro à la propreté, ajoute Assia, la douche à deux, c’est mon rituel et ça garantit l’hygiène des deux en plus des caresses ! Pas besoin d’aller jusqu’au lavement. Sinon, j’ai des préservatifs pas loin ! »

Nathalie Giraud Desforges recommande de lire l’article d’Adam du blog NouveauxPlaisirs sur l’hygiène et la propreté autour de la sexualité anale. Comme Adam aime bien aller au fond des choses (sans jeu de mot ;-) ), il a travaillé sur un article qui répond normalement à l'ensemble de vos questions là-dessus :

Plaisir anal hygiène propreté et conseils

des fesses en forme de coeur dans un bain moussant avec un joli bisou en rouge à lèvres sur une fesse
une femme sexy sur fond rouge qui soulève avec le doigt son string pour montrer son anus

3) Un minimum de spontanéité et un max d’excitation

« Une autre règle, c’est de ne pas se programmer pour cela, mais de faire confiance au désir et de porter l’excitation à son comble » de sorte qu’elle irradie du clitoris via le périnée jusqu’au vagin et à l’anus. « Car l’anus, ajoute Nathalie Giraud Desforges, est une zone érogène en soi, sensible aux caresses », et anatomiquement relié aux muscles qui soutiennent le plancher pelvien et urogénital, socle de notre anatomie, zone de toutes les alchimies sexuelles, digestives, urinaires et énergétiques… « chez l’homme, comme chez la femme ! »

« J’ai découvert la sodomie, ajoute Marie avec un amant rassurant qui passait des heures à me lutiner : avant lui, le plaisir n’allait pas jusqu’à l’anus. C’est sa langue, ses baisers, ses doigts en pressions douces autour de mon trou qui m’ont donné envie de lui prêter mes fesses ».

4) Patience et approche progressive

Il est indispensable de prendre son temps, de ne créer aucune pression psychologique. Une approche, progressive (de plusieurs jours à plusieurs semaines parfois) et ludique, ira des plis entourant l’anus à l’anus lui-même, en humectant largement la zone de salive, en jouant avec la langue, les lèvres, puis les doigts en stimuli doux ou plus appuyés sans entrer d’abord, et sans oublier de caresser fesses, hanches, sacrum et d’autres zones érogènes !

Un lubrifiant appliqué sur le sexe et dans l’anus, pour plus de confort, aide à la pénétration. Précipitation et violence sont à proscrire absolument et la douleur signal d’arrêt immédiat.

une clé dans la raie des fesses pour illustrer  comment ouvrir les portes du plaisir anal

 « Autant, avoue Adèle, je peux jouir analement quand titillée copieusement des doigts, autant mon corps refuse la pénétration. L’endroit est pour moi trop étroit, plissé et fragile, fait pour expulser et non pour accueillir. Je souffre et n’ai aucun plaisir » 

gel glisse anal de Divine Extases
Relaxant anal de Divine Extases

5) Respect des limites

Refuser la sodomie n’est pas forcément un signe d’inhibition mais d’écoute de son propre désir et plaisir, seuls véritables critères de référence. Là encore le respect de l’autre est incontournable !

Conseils supplémentaires : pas de sodomie en cas de fissures anales, d’hémorroïdes ou autres fragilités du rectum. Préférer un lubrifiant à base d’eau et non gras compatible avec les préservatifs. Et surtout pas de pénétration vaginale après une pénétration anale pour éviter de transférer des germes éventuels de l’anus au vagin. La toilette ou le changement de préservatif s’impose !

La sodomie comme un don de soi ?

un couple dans un lit, le monsieur est souriant avec sa main sur la fesse de la femme, ils ont l'air complices

La pénétration anale serait-elle plus impliquante, et preuve d’un don suprême à l’autre ? « Dans l’anus, ajoute Serge, qui est plus étroit que le vagin, mon sexe est si comprimé que toute ébauche de va et vient est excitante : et puis c’est tabou ! ». Les projections pour le pénétrant sont plutôt valorisantes car liées à un jeu de transgression qui se double du plaisir des yeux. « Voir ma belle à quatre pattes, la croupe offerte, c’est incroyablement bon ; la prendre par l’anus, lui offrir un plaisir différent par cette pénétration, c’est mon but, conclut Tom. »

Encore faut-il que, dans le jeu du « donner » et du « recevoir », les élans se rejoignent et se conjuguent. La faculté de s’ouvrir et de se donner aussi organiquement et intimement n’est pas si simple pour Nathalie Giraud Desforges, « elle fait appel à la grande force d’ouverture, d’accueil, de lâcher prise du Féminin » en écho à celle, du Masculin, qui serait d’être à l’écoute, pour mieux donner, d’offrir la sécurité et le respect qui appellent la pénétration …  C’est peut-être ce qui se joue dans la sodomie justement parce que la pénétration n’est pas anodine. Comment puis-je accueillir vraiment l’autre au plus intime de moi ? Et comment puis-je investir cette place forte sans la forcer, justement ? Le Voyage ne fait que commencer…

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