Publié le 23/11/2016, mis à jour le 17/07/2022
Y a pas un film à la télé ??? J’te rappelle que t’as tes règles…
Qui peut dire qu’elle / il n’a jamais entendu cela… Que faire l’amour pendant les règles ça ne se fait pas.
Si la parole sur le libertinage se détabouise au point d’occuper l’antenne à une heure de grande écoute (cf. mon interview sur RTL dans l’émission de Flavie Flament), le sang des menstrues a moins la cote ! Jeunes, vieux, pardon seniors, tout le monde y va de son air pincé.
À croire que c’est contagieux. Qu’à pénétrer un vagin rouge sang provoquerait… Provoquerait quoi d’ailleurs? !
Je me souviens à ce sujet d’une courte conversation avec mon fils aîné, 17 ans à l’époque des faits. Nous étions en voiture. Il me parlait de sa copine, la seule, l’unique, sa chérie qu’il n’avait pas vue depuis longtemps, qui lui manquait et qui venait de lui annoncer que, ben, euh, en fait voilà, c’est embêtant, elle avait ses ragnagnas… Patatras ! Le plaisir des retrouvailles partait en sucette. C’était fichu. Il n’allait pas faire l’amour pendant les règles de sa copine.
J’avais 10 minutes, juste le temps d’un trajet, pour en parler. Pour que son monde ne s’écroule pas.
“Faire l’amour pendant les règles ? J’ai pas envie d’avoir mal”
J’ai mis ce temps à profit pour lui expliquer que le sang ne fait pas mal, qu’il n’aurait pas mal !
Inconscient masculin voire collectif : association sang, douleur, saleté
Et oui, dans l’inconscient masculin qui dit sang dit douleur. Pas celle de sa copine, non. Mais la sienne à lui, par procuration, par manque d’information.
Je lui ai expliqué que les règles n’étaient pas sales, qu’il ne devait pas y voir une quelconque impureté. Qu’il s’agissait du sang de l’utérus, qui se libérait du nid qu’il avait préparé au cas où un œuf devrait s’y implanter. Rien que du très naturel.
Pas de quoi se prendre la tête, non ?
S’il se coupait, il portait son doigt à sa bouche pour que le sang cesse de couler (la salive est un excellent désinfectant). Il n’avait pas peur, il me semble, de passer pour un détraqué.
Étaient-ils prêts à ne pas faire l’amour pendant plusieurs mois encore ? Le choix leur appartenait.
Comme la solution : s’ils craignaient de salir les draps (ce que je comprenais et dont je les remerciais), qu’ils fassent l’amour sous la douche. Ou se munissent d’une serviette de bain.
Et puis, il y a d’autres façons de faire l’amour, d’être en amour. Il devait savoir que tout le corps est une zone érogène, qu’il peut y avoir des endroits plus sensibles que d’habitude, voire douloureux chez la femme avant et pendant règles, les seins par exemple.
A l’inverse, pour certaines femmes, le plaisir en est renforcé.
A lui et sa chérie d’en discuter, de découvrir ces aspects de leur sexualité, de leur complicité amoureuse.
En descendant de la voiture, il souriait.
Et si le sang des règles cessait d’être bleu ? Et si l'éducation sexuelle était plus libéralisée ?
Sur le chemin du retour, je me suis dit que les publicités pour les serviettes hygiéniques devraient cesser de colorer le sang des règles en bleu comme s’il était impur.
Je me suis aussi dit que l'éducation sexuelle pour les enfants comme pour les adolescents était essentielle pour qu'ils soient informés et sortent de l'ignorance, source de peurs et de préjugés.
Des idées fausses alimentées par les réponses consternantes de bêtise d’animateurs “réputés” comme Sébastien Cauet dans son émission C’Cauet du 25 janvier 2012, sur NRJ, à une jeune femme qui appelait pour témoigner de son désir de rapports sexuels pendant les règles… : “les règles, c’est dégueulasse, ça vient de ton truc qui s’est décroché je sais pas d’où (…), c’est plus qu’une coupure de doigt, y a des morceaux …”
PS : je sais que mon fils a passé une bonne nuit.
J’en profite pour vous rappeler que vous trouverez des coupes menstruelles Meluna – pour recueillir le sang des règles à la place d’un tampon ou de serviette hygiénique – sur le site de la boutique de Piment Rose.
Photo Crédit : WPaleks
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