Comment remettre du DÉSIR suite à une baisse de libido après une rupture amoureuse
Par Nathalie Giraud Desforges,sexothérapeute,
fondatrice de Piment Rose
Perte de confiance en soi, sexualité en berne, relation-pansement après une rupture amoureuse, chacun.e réagit différemment après une rupture et la libido en prend un coup. Interrogée par Les RDV d’Émilie, Nathalie Giraud Desforges, sexothérapeute, fondatrice de PimentRose.fr explore le sujet.
Quels sont les facteurs psychologiques et émotionnels, qui peuvent contribuer au manque de libido après une rupture ?
En fait, nous ne sommes pas tous et toutes égaux ou égales face à une rupture amoureuse.
Il est d’abord nécessaire de définir ce qu’on entend par « rupture amoureuse « car tout dépend de l'intensité de la rupture. Si on s’y attend, s’il y a des disputes, une tension qui monte ou si on ne se parle plus ça n’a pas le même effet que si celle-ci arrive de manière brutale et par surprise.
Si la rupture arrive de manière inattendue, dans ce cas, la personne risque de vivre un choc émotionnel très violent. Ce quasi traumatisme peut la faire passer par toutes les étapes du deuil. D’abord vient le deuil de la relation idéalisée, le choc émotionnel. Mais il y a aussi un impact sur la libido qui se traduit souvent par la perte de désir sexuel ou le manque d'intérêt pour toute activité sexuelle ou pas. Bien évidemment la personne n’est pas sexuellement malade, elle est émotionnellement choquée et ressent une perte de confiance dans sa capacité à retenir l'attention de la personne aimée.
Cette situation se retrouve souvent dans les cas de rupture où il n’y a pas eu de discussion, de consentement mutuel en quelque sorte. S’il n’y a pas eu de préparation à la rupture. Il est indispensable lors d’une rupture de discuter pour puvoir « fermer toutes les portes de la relation ». Donc si cette discussion n’a pas eu lieu, l’impact de la rupture produit ce trauma émotionnel souvent relié à un évènement marquant lié à la petite enfance. Ce peut être par exemple une blessure de rejet ou d’abandon. Avec la rupture, cette blessure risque de s’ouvrir à nouveau.
Quand les hormones s’en mêlent
Ce qui est dévastateur, c'est qu’avec cette perte de confiance en soi, le niveau de stress peut augmenter puisque les hormones du bonheur -dopamine, endorphine et sérotonine- chutent.
Lorsque la rupture arrive brutalement, généralement les deux partenaires continuaient à vivre l’un à côté de l’autre « comme si de rien n’était ». Il y avait encore du toucher, du contact physique. Dans la mesure où la relation n'était pas explosive, ces petits moments de contact où les deux partenaires se couchaient l’un.e à côté de l’autre, se croisaient, se parlaient remplissaient le besoin minimum d’échange en recevant un peu de chaleur, de bonheur et de tendresse. Tout ça peut disparaître d'un coup. Dans ce cas, le corps est en manque de ces hormones qui sont remplacées par les hormones de stress. Le niveau de cortisol associé au stress monte en flèche de même que le niveau d’adrénaline. On a le cœur qui bat très fort, l’estomac complètement serré, des nœuds en permanence dans le corps qui peuvent complètement nous couper l’appétit. On peut devenir irritable, triste, déprimé.e. Il peut aussi y avoir des états d'anxiété profond voir même faire des crises d’angoisse. Cet état physique sape la confiance en notre capacité à séduire et à rentrer en relation avec l’autre.
Les étapes du deuil après une rupture
Il existe 5 étapes pour guérir d’un deuil et quasi toutes vont être expérimentées les unes après les autres plus ou moins rapidement.
La première est la phase de déni. « Mais, non! Pas moi ! », « Pourquoi ça m'arrive après tous les efforts que j'ai mis dans cette relation? », « Non ! je n’y crois pas » ...
Quand la personne plonge dans ce « non j'y crois pas », elle dépense une énorme énergie pour couvrir ce déni. Cette énergie centrée pour nourrir le déni n’est plus disponible pour vivre au quotidien.
Lors de la deuxième étape, on entre dans la reconnaissance des émotions et dans leur externalisation. La colère arrive souvent à ce niveau-là. Dans la phase de déni, on est souvent comme en apnée puis on reprend une respiration courte. Avec la colère on se remet à respirer. Ce qui est finalement plutôt sain !
Ensuite on entre dans une phase de marchandage. « Si je fais ça alors il ou elle va être jalou.se" ou « je vais lui faire payer ! ». On peut aussi devenir extrêmement serviable voir servile jusqu’à se transformer en paillasson pour récupérer l’attention de son ou sa partenaire, ce qui n’est ni sexy ni efficace.
Après ça, peut arriver une phase de déprime plus ou moins longue qui est aussi nécessaire et qui peut durer et perdurer et durer encore. C’est cette phase souvent qui amène la personne chez un ou une thérapeute. Et le cycle se termine par la phase d’acceptation. Dans cette phase, on se met enfin en position meta. La respiration reprend. C''est comme on ramenait l'air en soi dans nos poumons. C’est une grande bouffée d'oxygène et on se décolle enfin de la souffrance et de la situation.
Quelles sont les réactions sexuelles qualifiées de
« normales" après une rupture et à partir de quand devrions-nous nous inquiéter du manque de libido ?
Encore une fois, il n’y a pas de norme car nous sommes inégaux, inégales, face aux conséquences de la rupture amoureuse d’autant que tout dépend de l'intensité du choc et de ce que la rupture vient rouvrir comme blessure, de rejet, d’abandon, d’injustice, de trahison voire d’humiliation.
Une réaction « normale » néanmoins c’est le repli sur soi, le manque d’intérêt pour la sexualité. Ça se voit beaucoup avec les comportements sur la nourriture ou la boisson. On va compenser par l’alcool par exemple. Parfois on ne mange presque plus ou alors on a des crises de grignotage. Le chocolat devient ton meilleur allié parce qu’il y a aussi des hormones dans le chocolat ce qui compense un peu. Et puis on peut avoir des comportements qui nous mettent en danger. Si on se replie sur soi ou si on vit des phénomènes de compensation tels que se noyer dans les séries télé, les jeux vidéo, le travail, l’alcool, la drogue etc.
Donc, si la personne se coupe du lien social, si elle se met en danger financièrement et dans sa santé alors il est grand temps de consulter.
L’aide devient urgente. Elle peut venir grâce au soutien de ses amis, de sa famille, de ses proches voire de la foi. Sinon, la solitude va augmenter le niveau de stress, le sommeil va être impacté et un certain nombre de problèmes vont s'enclencher d'un point de vue physiologique et non plus psychologique. Il est donc très important de se faire aider pour éviter de rester seul.e dans sa détresse.
Comment reconstruire la confiance en soi sur le plan sexuel, après une rupture ?
Accepter est la seule voie. Accepter la situation et prendre du recul. « OK, ça s'est passé, qu'est-ce que j'en retire de positif ? » C’est voir l’échec plutôt comme une d'expérience qui nous a appris quelque chose. Qui nous a fait grandir émotionnellement. C’est voir ce qu’on avait laissé de côté quand on était dans la relation. On revient vers ce qu’on avait délaissé pour ne pas perdre l’autre, pour être aimé.e, pour ne pas être rejeté.e ou abandonné.e. L’idée c’est de reprendre des activités que tu kiffes. Pourquoi ne pas reprendre petit à petit la liste de ce qui nous fait ou nous a fait plaisir dans le passé.
En fait, c’est retrouver le chemin vers une respiration personnel, un sourire intérieur, le goût des petits plaisirs.
C'est aussi le temps pour remettre du mouvement dans le corps. Explorer ses envies, ses désirs, sa sexualité. Comment re-faire vibrer son corps ? C’est prendre le temps d’explorer une terre inconnue et d’oser d’autres façons de faire. La thérapie est très importante car elle permet de remettre du choix là où il y a eu une blessure qui a pu se réouvrir. Donc on va remettre de la liberté, du possible, du différent. On va voir là où on n’a pas su mettre de limite. Là où on a fait « en fonction de l’autre ». Ça permet surtout de ne pas reconduire le même comportement avec la personne suivante et éviter de se remettre dans des situations de sur-adaptation ! Bref de sortir de scénarios répétitifs de rupture si tel est le cas.Ce processus thérapeutique n’a pas besoin de « prendre une plombe » ! Ça peut durer juste quelques séances pour se remettre dans une phase d'écoute, de sécurité vis à vis de soi et de l’autre. Sinon on tourne en boucle en se disant « plus jamais je vais faire confiance ! Je vais le faire payer aux autres ! » Et c’est reparti pour un tour !
Existe-t-il des exercices ou des techniques qui peuvent aider à adoucir une rupture ?
Le premier exercice, et le plus simple, c’est de réapprendre à respirer. Respirer permet d'être beaucoup plus en relation avec soi-même et avec son corps, donc de recentrer son ressenti, ses sensations vers soi-même. Donc tous les exercices de respiration : cohérence cardiaque, yoga, rebirth, cosmic breathwork, Tantra, méditation, chant etc. sont excellents pour réguler. Ce sont d’excellentes portes d'entrée dans une sorte de réconciliation avec son système intérieur.
Les sextoys
Utiliser des sextoys pour reconquérir sa libido c’est la possibilité de ré-apprendre à être autonome sur son plaisir et se réapproprier ses sensations. Je pense surtout aux femmes qui parfois ne connaissent pas bien leur corps et imaginent que sans l’autre plus aucun plaisir n’est possible.
Les sextoys sont utiles pour découvrir comment notre corps peut réagir. On peut même jouer avec le pommeau de douche pour explorer les jets d’eau et les sensations. On apprend à mieux se connaître et du coup, on optimise ses relations futures sexuellement. Pourquoi ne pas essayer les programmes sexo de Piment Rose ?
Et puis bien sûr, revoir ses amis, reprendre des activités qu’on aime, sortir et lever le nez sur la beauté du monde.
